vendredi 31 mai 2019

Après le déni

Ca a commencé en février 2019. J'ai l'habitude que S. arrive le soir a la maison avec une nouvelle idée en tête. C'est arrivé progressivement mais très rapidement, comme une vague qui déroule implacablement. Le 1er soir il m'a dit être tombé sur un article qui parlait d'effondrement, puis une vidéo, puis de jour en jour il s'est passionné pour le sujet.
Ma première réaction est d'écouter toujours, je suis curieuse. Mais très vite j'ai été mal à l'aise, je ne voulais pas en entendre parler. Je me souviens lui avoir dit très exactement: "dans ce projet là je ne te suis pas, c'est morbide !" Il n'a pas insisté il a continué ses recherches et il m'a laissé faire mon chemin. J'étais dans le déni.

La 2eme étape est arrivée très vite après, au boulot lorsque j'ai assisté dans mon bureau à une analyse des impacts du réchauffement climatique sur 3 scénarios : +1,5, +2,  +4°C.
Je me souviens encore leur avoir dit "j'entends parler de collapsologie a la maison tous les soirs, et ici aussi ?"
Là je ne pouvais plus me dire qu'il s'agissait d'un intérêt passager, d'une théorie et puis surtout moi aussi je voulais comprendre. Alors j'ai commencé à lire, à regarder, à écouter... C'est vrai c'est passionnant mais aussi inquiétant, perturbant, anxiogène, dévastateur. Ce cheminement est long et personnel, on ne peut le vivre qu'en soi mais surtout pas seul. Il faut pouvoir en parler, argumenter, échanger. On passe souvent d'une grande colère, à une grande tristesse puis à un grand espoir et enfin à une grande énergie. Je n'ai pas eu autant d'énergie depuis très longtemps. Bien sûr j'ai des moments d'abattements mais je reviens toujours dans l'action, la construction, la créativité.

Je vous écris tout ça car mon blog va prendre un nouveau virage et je vais vous parler de collapsologie et surtout d'avenir mais avant cela je veux que vous compreniez que nous tous qui nous intéressons à notre futur sommes traversés par les mêmes émotions. Et c'est OK. Aujourd'hui je sais que vivre dans l'ignorance n'était pas mieux. Je vis aujourd'hui avec de nombreuses questions mais surtout avec un apaisement qui s'explique par une prise de recul énorme par rapport aux petits soucis du quotidien.  Allez, suivez moi !

Je concluerai cette intro par un petit extrait de "comment tout peut s'effondrer" de Pablo Servigne:
"Prendre un tel chemin ne laisse pas indemne. Le sujet de l'effondrement est un sujet toxique qui vous atteint au plus profond de votre être. C'est un énorme choc qui dézingue les rêves. Au cours de ces années de recherches, nous avons été submergés par des vagues d'anxiété, de colère et de profonde tristesse, avant de ressentir, très progressivement, une certaine acceptation, et même, parfois, de l'espoir et de la joie. En lisant des ouvrages sur la transition, comme le fameux manuel de Rob Hopkins, nous avons pu relier ces émotions aux étapes d'un deuil. Un deuil d'une vision de l'avenir. En effet, commencer à comprendre puis à croire en la possibilité d'un effondrement revient finalement à renoncer à l'avenir que nous nous étions imaginé. C'est donc se voir amputés d'espoirs, de rêves et d'attentes que nous avions forgés pour nous depuis la plus tendre enfance, ou que nous avions pour nos enfants. Accepter la possibilité d'un effondrement, c'est accepter de voir mourir un avenir qui nous était cher et qui nous rassurait, aussi irrationnel soit-il. Quelle arrachement ! "

jeudi 30 mai 2019

J'ai acheté un billet de train

Mai 2019. Cela fait environ 10 ans que je n'ai pas pris le train pour faire des trajets en France. J'habite à Toulouse, les compagnies aériennes et les destinations se sont multipliées, le TGV ne roule pas Très Vite jusqu'ici et il est trop cher, la voiture me fatigue... Je prends l'avion souvent, pour 48h ou même 24h, 1 a 2 fois par an je pars en voyage a l'autre bout de la planète, j'ai mes habitudes à l'aéroport, pour faire mes bagages, je cumule les points. C'est devenu bien plus simple pour moi que de prendre le bus.

Mais voilà on est en mai 2019 et on se réveille. Le climat se réchauffe, on émet trop de CO2. En Suède, c'est la honte de prendre l'avion. En France, une loi est proposée pour interdire les trajets en avion inférieurs à 2h30 substituables par des trajets en train. Alors on s'amuse à faire notre analyse carbone personnelle. Le couperet tombe : environ 34% de mes émissions sont dues à mes voyages en avion.

J'ai diminué mes déchets, je roule à vélo tous les jours, je n'utilise la voiture que pour partir en WE ou presque, je consomme moins et mieux. Mais finalement en quelques WEs par an et 1 ou 2 voyages au bout du monde je pollue 7 fois plus que ce que je ne devrais.
Alors voilà c'est pas grand chose, c'est le début, mais en juillet j'irai à Paris voir mes copains en train. J'ai acheté mon billet.