Cette prise de conscience du risque qu'encours notre civilisations amène à une remise en question essentielle: celle de la vie que l'on a construit jusqu'à aujourd'hui.
Nos parents ont vécu une période de croissance où le but était de s'élever socialement, de gagner plus d'argent au fur et à mesure de leur carrière afin d'arriver à un idéal de vie avec maison, voiture, vacances et enfants, avant de pouvoir profiter d'une retraite confortable et bien méritée. Nous avons nous même suivi ce paradigme, faisant des études qui nous permettent aujourd'hui de bien gagner notre vie sans avoir un métier trop pénible, d'avoir de l'argent afin de s'acheter plein de choses (bien plus vite et en bien plus grande quantité que nos parents) et de voyager (bien plus loin et bien plus souvent que nos parents). Car voilà, en quelques années tout s'est accéléré, tout s'est emballé. Ce que nos parents espéraient pour nous est arrivé mais cela nous a tous dépassé: la consommation, la technologie, le digital... tout est devenu incontrôlable. A côté de nous, d'autres n'ont pas eu notre chance et se sont retrouvés encore plus dans la misère. Au lieu de gagner en niveau de vie durablement, progressivement et tous ensemble, nous nous sommes élevés trop vite en écrasant les plus pauvres et ... en détruisant notre environnement, c'est à dire en sciant méthodiquement la branche sur laquelle nous sommes assis.
Notre première moitié de vie s'est construite sur un modèle qu'on pensait éternel. Nous n'avons pas eu le temps d'en appréhender les dérives. Tout est allé trop vite.
Aujourd'hui, j'ai l'impression de tout avoir: un bon boulot, un bon salaire, une belle maison, une jolie famille, de merveilleuses vacances... J'ai atteint une sorte de Graal. Je pourrais maintenant vivre paisiblement apprenant de nouvelles choses, lançant de nouveaux projets, découvrant de nouvelles régions du monde, sans me mettre en danger.
Oui, mais seulement si je ne savais pas. Et aujourd'hui je sais. Je sais que continuer à vivre comme ça n'est pas durable pour mes enfants, pour ma planète, pour ma civilisation. Je sais qu'en fermant les yeux, ma vie est merveilleuse mais dès que je les ouvre, et que je lis, et que j'écoute, et que je regarde, je sais que je n'ai pas le droit de faire comme si tout allait bien.
Nous sommes la génération de la cassure, nous nous devons de briser ce modèle afin de préparer au mieux nos enfants au nouveau monde. C'est à nous que revient l'épreuve de faire le deuil d'un idéal et de préparer ceux qui nous sont chers au prochain. Nos enfants n'auront pas les mêmes objectifs, ils ne se battront pas pour vivre confortablement, ils se battront pour vivre ou pour que notre planète soit encore vivable. Cela semble dingue aujourd'hui, cela semble irréel. On se dit "il faut que je gagne de l'argent pour payer de bonnes études à mes enfants afin qu'ils aient un bon métier demain". Quel sera le bon métier dans 20 ans, en 2040? Qu'est-ce qui sera encore vraiment important? Il faut qu'ils aient une tête bien faite, de la résilience, des connaissances utiles qui leur permettront de vivre dans un environnement changeant.
Cependant et contrairement à nous, ils n'auront pas à abandonner une situation acquise après effort. Pour eux, comme aujourd'hui pour Greta Thunberg et sa génération, la prise de conscience fera partie de leur construction. Ils n'auront rien à abandonner, tout à construire, autrement. Et ils le feront, bien plus librement que nous.
Il va donc falloir que l'on accepte d'avoir passé la moitié de notre vie à atteindre un idéal qui n'est plus viable et de tout repenser autrement. C'est horriblement dur à accepter, c'est d'ailleurs pour moi ce qui est le plus dur à vivre.
Laissez moi encore un peu de temps.... Un deuil prend du temps.
Aujourd'hui, j'ai l'impression de tout avoir: un bon boulot, un bon salaire, une belle maison, une jolie famille, de merveilleuses vacances... J'ai atteint une sorte de Graal. Je pourrais maintenant vivre paisiblement apprenant de nouvelles choses, lançant de nouveaux projets, découvrant de nouvelles régions du monde, sans me mettre en danger.
Oui, mais seulement si je ne savais pas. Et aujourd'hui je sais. Je sais que continuer à vivre comme ça n'est pas durable pour mes enfants, pour ma planète, pour ma civilisation. Je sais qu'en fermant les yeux, ma vie est merveilleuse mais dès que je les ouvre, et que je lis, et que j'écoute, et que je regarde, je sais que je n'ai pas le droit de faire comme si tout allait bien.
Nous sommes la génération de la cassure, nous nous devons de briser ce modèle afin de préparer au mieux nos enfants au nouveau monde. C'est à nous que revient l'épreuve de faire le deuil d'un idéal et de préparer ceux qui nous sont chers au prochain. Nos enfants n'auront pas les mêmes objectifs, ils ne se battront pas pour vivre confortablement, ils se battront pour vivre ou pour que notre planète soit encore vivable. Cela semble dingue aujourd'hui, cela semble irréel. On se dit "il faut que je gagne de l'argent pour payer de bonnes études à mes enfants afin qu'ils aient un bon métier demain". Quel sera le bon métier dans 20 ans, en 2040? Qu'est-ce qui sera encore vraiment important? Il faut qu'ils aient une tête bien faite, de la résilience, des connaissances utiles qui leur permettront de vivre dans un environnement changeant.
Cependant et contrairement à nous, ils n'auront pas à abandonner une situation acquise après effort. Pour eux, comme aujourd'hui pour Greta Thunberg et sa génération, la prise de conscience fera partie de leur construction. Ils n'auront rien à abandonner, tout à construire, autrement. Et ils le feront, bien plus librement que nous.
Il va donc falloir que l'on accepte d'avoir passé la moitié de notre vie à atteindre un idéal qui n'est plus viable et de tout repenser autrement. C'est horriblement dur à accepter, c'est d'ailleurs pour moi ce qui est le plus dur à vivre.
Laissez moi encore un peu de temps.... Un deuil prend du temps.
Alors que faire ? Comment réagir ? Comment agir? Je partagerai mes réflexions dans un prochain article. Stay tuned!
D’autres cassures ont déjà existé
RépondreSupprimerNous aussi, la génération qui s’en va, avons vécu notre cassure, une autre sorte de cassure.
La cassure contre la pauvreté, pour obtenir des besoins existentiels, pour la vie… et pour que nos enfants ne soient pas obligés de passer par là pour vivre convenablement.
Cela semblait insurmontable et seuls quelques-uns avec force de volonté, travail et sacrifice ont réussi.
Mais nous n’avons pas voulu écraser les autres, ni dominer la nature à notre convenance. Nous avons gardé un train de vie simple et respectueux avec l’environnement, la terre, soucieux de la valeur des choses que nous avons acquises avec tant d’efforts. Nos parents ne gaspillaient pas, nous non plus. Nous avons intégré l’idée que tout est fragile et que consommer pour consommer n’avait aucun sens. Il suffit pour vivre ce qui est indispensable, l’utile… Nous ne changeons pas de salle de bain tous les trois ans, de meuble tous les cinq ans… Nous n’avons pris l’avion que très tard et peu de fois. Nous n’avons pas eu besoin d’aller à l’autre bout du monde…Ce que nous souhaitions pour nous et pour nos enfants se trouvait près de nous. La société de consommation actuelle est arrivée à tel point que seule la décroissance pourra nous conduire à l’équilibre et à la protection de la terre.
Aujourd’hui, la jeune génération se pose la question sur l’ultra-consommation. Nous n’avons pas eu ce problème. Nous ne consommons que ce que nous croyons utile ou indispensable pour bien vivre. Et obtenir ce « bien-vivre », que nous a tant coûté de l’avoir, nous ne sommes pas prêt à le changer, car nous ne nous sentons pas coupable à cause de l’évolution actuelle de la société consumériste.
Cette vie simple et agréable nous permet d’apprécier la vie de tous les jours, les belles choses de la vie, de la terre, que nous voulons préserver, bien sûr, mais sans chercher à chambouler notre façon de vivre, car nous sommes convaincus que nous ne contribuons pas à ce bouleversement du climat et de ses conséquences.
Ce « bien-être » nous le partageons avec notre famille et avec nos amis. Et cela contribue à notre simple bonheur. Si cela était possible à tous ou à une grande partie de l’humanité, en limitant tout le gaspillage actuel, le monde trouverait son équilibre et sa santé.
Oui, cet objectif semble illusoire mais travaillons autour de nous et donnons l’exemple à nos enfants. C’est le meilleur héritage. La génération future aura peut-être « tout à construire », comme nous, et à le gérer dans un environnement difficile. Si elle réussit, et elle réussira, elle ne voudra pas qu’on mette tout son travail en question. Et elle aura raison.